[J’écris pas souvent en français. En fait, presque jamais. (Et non, c’est pas pour ça que j’ai manqué d’insérer une négation là, devant ‘écris’, mais plutôt pcq c’est de l’oral, du 'français vulgaire', vous suivez?... Bah.) J’ai grandi en lisant Baudelaire, Balzac, Voltaire, etcetera, et puis Prévert, Aragon et Gary (ah! mon royaume pour un Gary!), et tout ça m’intimide pour être honnête. De plus, je ne régis en français que lorsque je fusse (wow – subjectif* imparfait, ça fait longtemps que j’avais pas utilisé ça!) à l’école et ne peux ainsi m’empêcher d’adopter une prose plus corrigée, correcte, propre, qui fait un peu drôle à [re]lire maintenant quand je radote, mais j’adore et a toujours préféré le français. Il me semble qu’on peut chuchoter les choses les plus chiottes et ça me semblent** d’une sincérité agaçante. Et j’aime comment ça souffle à l’oreille....
Bon alors, me voilà donc, la verve de Hugo qui me vient aux doigts... On va bien voir ce que ça va donner.]
Malgré avoir toujours été cette fille un peu égoïstement honnête qui ne sait pas souvent quand il fallait*** se taire (quand je m’y mets en tout cas), ou qui se plait souvent à se considérer plutôt ouverte & directe, je suis du même coup jalousement renfermée. Eh oui! Dit celle avec un blogue, merde! Un blogue que de parfaits étrangers à travers le monde – aussi peu, en fait, et aimables soient-ils et soient-elles (quoique, entre vous et moi, chère deuxième personne du pluriel, vous pouviez tout aussi bien être des adeptes de Scientologie prêts à bondir sur mes moindres moments de faiblesse et m’en faire la prochaine recrue, non? Je connais tous vos trucs...) – puissent lire! Des choses dont la plupart des personnes qui me sont les plus chères dans ma vie réelle ignorent même l’existence!... Des conneries radotées qui m’auraient poussée à me jeter du pont Jacques-Cartier si un regard distrait osait simplement s’y être posé!?... Que?! (ça, c’était de l'espagnol. Oui, je connais la langue de Goya également : Como estas? Mui, bien, y tu? Bien tambien, gracias; buenas noches, me llamo [vapidly vibrant], no se – voilà l’étendue de mon espagnol. Impressionnant, non?)
Le fait c’est que, je n’ai pas l’habitude de dévoiler quoi que ce soit à personne. Depuis que je suis toute jeune, j’avais su garder mes secrets, mes pensées, mes sentiments les plus profonds, les plus vrais, à moi-même. D’une manière qui m’échappe encore un peu, j’étais venue à les considérer comme mes cheveux de Samson, ou ma cheville d’Achille. Et tant et aussi longtemps que ces autres les ignoraient, que ces idées demeuraient entièrement et tout à fait miennes, alors, j’avais le dessus. Que personne ne me connaissait me donnait le 'pouvoir'. C’est d’une possessivité inquiétante, je sais. Mais, je me sentais en sécurité ainsi, bien touffue derrière tout ce moi que les autres ne voyaient pas, protégée comme par un châle invisible qui me permettait d’observer les gens sans qu’ils s’en aperçoivent.
J’étais bien. J’étais conne.
Parce qu’après toutes ces années à apprendre à vivre comme un tas de merde bien conservée dans un topperware qui essaie de se biodégrader, j’ai réalisé que ça ne marchait pas. Non mais, pas du tout. Tout comme cette métaphore d'ailleurs. Surtout parce que, personne ne sachant qui j'étais réellement, je me permettais d’être deux filles en même temps pour apaiser tout le monde et passer ainsi plus facilement sous le radar. Oh, que je suis futée, m’étais-je dite! Être à la fois docile, indépendante, pratique, rusée, tête forte (la fille de ma mère, quoi) et émotive, naïve, curieuse, frivole et un peu tête de linottes (parfois?), sans jamais que les premiers spectateurs ne connaissaient les derniers, j’étais libre comme un cameleon!
... Et puis, un jour, il y en avait une qui s’était mise à aimer... Et ça boulverse un peut tout, l’amour... Ça confond, ça brouille, ça salit, et ça s’en câlisse. Jusqu’à ce jour, j’ignore encore qui des deux avait commis cette faute. Peut-être étaient-ce les deux? Ou y avait-il une troisième? Peu importe, en fait... J’ai seulement réalisé que j’y arrivais plus, être toutes ces choses en même temps. C’était devenu un champ de bataille. Et il me fallait choisir un camp.
Oui, il faut choisir.
J’ai passé la plupart de ma jeunesse, sinon à lire, à écrire dans un journal. J’aimerais bien pouvoir dire que je le faisais dans un but introspectif cérébral et réfléchi afin de me discerner, mais j’aimais tout simplement l’idée d’avoir un livre dont j’étais réellement le héros (un peu comme dans ces romans Folio où il fallait lancer un dé et battre des vampires, seulement que j’ai dépassé ce stade, vous voyez. Egocentrique à fond, je vous dis...) En tout cas. À relire tous ces journaux, je me désolais à voir que je n’ai pas tant changé que ça [...depuis mes huit ans]. Je tournais en rond. Je ruminais. J’en avais marre, un peu honte même, et j’ai arrêté il y a quelques années. C’est seulement quand j’ai commncé ce blogue, initialement pour la même raison que j’ai commencé mes journaux – pure vanité –, que j’ai senti quelque chose de... différent. Tout léger. Indistinct, même. Ma thérapie m’a aidée à décoincer, certainement, mais taper des balivernes complètement insensées qui se déversent de ma tête sur des microbytes virtuels dont le fonctionnement m’échappe royalement m’est d’un étrange bénéfice.
C’est l’ouverture, je crois.
Il était un peu temps que je m’ouvre...
C'est que je m'aperçois que mes pensées arrivent à se libérer ici. Une liberté dont et envers laquelle je suis devenue responsable. Même si personne ne les lisait, même si on s’en fout à la fin, même s’il n’y a pas de destinations ou de destinataires précis (malgré les quelques Scientologistes potentiels pour qui j’ai une tendresse toute particulière...), ils**** s’envolent tout bonnement, dans ce vide virtuel, au lieu de pourrir dans ma tête, m’offrant ainsi un moment de répit et l’espace pour choisir, pour être qui je suis.
Et me voilà donc qui choisis.
Et qui l’écris.
Sur un blogue.
...Merde...
* Bonjour! English translation? As you wish.
Don't tell me you learn nothing interesting here.... *muffles uncontrollable laughter*
[EDIT: So, i just can't leave those errors there now that i know of them, not can i? CAN I?!... Goddamn you, Frenched Twelve-Year-Old!:
* subjonctif - hey honest mistake... ahem.
** semble - gah! kill me why don't you!?
*** faut - this doesn't really count. It makes sense in my head, k?
**** elles - so i have gender identification issues. It's no secret to anyone.]